L'abbaye Notre Dame de Tamié accueille une communauté cistercienne de vingt-neuf moines, régie par la règle de saint Benoît. L'abbaye de Tamié est renommée pour sa liturgie (on y chante encore en grégorien) mais seule l'église se visite.L'Abbaye se situe dans le massif des Bauges à 900 m d’altitude, à flanc de montagne, près d'Albertville, en Savoie.
Chaque jour les moines produisent près de 400 kg de fromage fort apprécié, le tamié, qu'ils vendent dans la boutique du monastère et dans de nombreux magasins de la région ce qui constitue la principale ressource économique de la communauté. Le lait est aussi acheté aux éleveurs de la vallée ce qui contribue au maintien de l'agriculture de montagne. Depuis 2003, les 3 à 4 000 litres de petit-lait quotidien sont utilisés pour produire du méthane, ce qui correspond à 80 litres de fuel par jour, utilisé pour la production d'eau chaude L'abbaye dispose de 27 chambres pour des retraites spirituelles sous le sceau du silence. Un autre espace est dévolu aux routards et marginaux.
Histoire Du XIIe au XIIIe siècle
C’est Pierre II de Tarentaise (1102-1174), qui eut l’initiative de cette fondation. le comte Amédée III de Savoie lui avait demandé de chercher un lieu paisible pour y installer un foyer monastique. Pierre se mit à la recherche d'un emplacement favorable,il demanda en 1132 aux seigneurs de Chevron de lui céder le vallon de Tamié pour y implanter un monastère Les moines arrivèrent le 16 février 1133 de l’Abbaye de Bonnevaux en Dauphiné, ils appartenaient à la règle de saint Benoît. Pierre en restera l'abbé pendant 10 ans jusqu'à sa nomination comme archevêque. Les moines commencèrent à construire les bâtiments et à cultiver les friches des alentours. Le comte de Savoie et les seigneurs des environs vont doter l'abbaye de nombreux domaines agricoles, appelés « granges », ainsi que des alpages dans les Bauges, en Tarentaise, autour du lac d'Annecy et dans le Haut-Grésivaudan. Ces "granges" abrite une dizaine de convers bûcherons, meuniers ou vignerons qui cultivent la terre et élèvent des chèvres et des vaches.
Du XIVe au XVIIe siècle Très riche, l'abbaye de Tamié suscite de nombreuses convoitises.Plusieurs incendies ravagent les bâtiments. Au XIVe siècle, commence une longue période de décadence. Les nombreuses guerres entre la Savoie et le Dauphiné ne sont pas sans conséquences pour l'abbaye qui est située à la limite des trois évêchés, ceux de la Tarentaise, de Grenoble et de Genève. Les problèmes s'aggravent avec le Grand Schisme d'Occident (1378-1418) qui divise la chrétienté. Les abbés deviennent « commandataires » et sont désignés par le souverain. Ils se servent dans les richesses de la communauté et dilapident les biens. À la fin du XVIe siècle, l'abbaye est en ruine. En 1606, François de Sales, évêque de Genève, écrit dans une lettre adressée au pape : « Il est surprenant de voir à quel point la discipline régulière est partout ruinée dans les abbayes et prieurés de ce diocèse ».
en 1677, avec l'installation d'un groupe de moines venu de l'Abbaye de La Trappe (moines trappistes) en Normandie, s'instaure le renouveau de l'abbaye de Tamié. De nouveaux bâtiments sont édifiés. Au XVIIIe siècle, les moines installent des hauts-fourneaux et des forges et se lancent dans la fabrication de plaques de cheminées..
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En 1792, les biens du clergé sont déclarés « biens nationaux » En avril 1793, craignant un retour des troupes sardes, les Français installent dans l'abbaye un détachement de soldats pour contrôler le col de Tamié. L'abbé Gabet juge préférable pour la communauté de s'en aller et les religieux s'enfuient en pleine nuit. Lorsque le conventionnel Albitte décrète la démolition des clochers de Savoie, les autorités envoient des charpentiers depuis Faverges pour abattre celui de l'abbaye. Après la fin de la révolution française, il est constaté que l'intérieur de l'abbaye est dévasté et qu'un grand nombre de livres de sa riche bibliothèque sont perdus à jamais brulés ou volés.
À partir de 1827, l'abbaye est restaurée par un architecte sarde, le clocher également, sans la flèche. En octobre 1861, l'abbaye est à nouveau occupée par des moines trappistes. En 1880,, les moines sont à nouveau chassés, mais se réinstallent dès 1881. Une nouvelle flèche est installée sur le clocher reconstruit à la restauration, mais la congrégation connaît d'importantes difficultés financières. C'est l'installation d'une fromagerie qui va sauver la communauté.
XXsiècle
Ce fut à l'abbaye de Tamié que fut fondée la manécanterie des Petits chanteurs à la croix de bois. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'abbaye est un point de passage et un refuge pour les résistants et les personnes traqués par la milice et les allemands. C'est de l'abbaye de Tamié que venaient deux des moines de Tibhrine, assassinés en 1996 en Algérie, dans des conditions mystérieuses et controversées. Un film, Des hommes et des dieux, sorti en 2010, leur est consacré.